niak2 Francis Traunig - photographe

>francis traunig>

comme un dé jeté dans le paysage ...

>octobre>

Allepy

Madurai - 18 heures 20

Mariage à Madurai

27 octobre

Kolan : dessin de pâte de riz (ou craie) fait sur le pas de porte à l'aube par les femmes. Symbole de respect pour toute vie. Nourri les petits insectes, protège du mauvais oeil, il signifie aussi aux Sadhu qu'il peuvent se restaurer dans cette maison.

Madurai

Pudukkottai

Tanjavur - 25 octobre 2012

Temple de Brihadishvara

25 octobre 2012

jeudi 25 octobre - 19 heures 23

Thanjavur

Mercredi 24 octobre

En campagne

Pondichéry

Pondichéry - 16 heures 10

Tindivanam

Mamallapuram

Mamallapuram - 16 heures 38

Mamallapuram - 16 heures 38

Friends !

Mamallapuram - 15 heures 50

Chennai - 15 heures 28

Chennai - 11 heures 59

Chennai

Le quartier dévasté par le Tsunami de 2006.

Chennai

Gopal : "If you want to know the country, dont try to understand it, feel it !

Istanbul - 17 octobre 2012

Chez le coiffeur

Rebelote chez le kuaförï. Après la barbe, les cheveux. Un tout petit poil, je dis, mais lui comprend à ras, je laisse faire, ne pas interrompre sa délicate danse balinaise, ses gestes précis, le vol du ciseau qui bat des ailes. Il est gay et moi heureux d'être si bien pris en mains. J'ai l'impression qu'il sculpte une motte de beurre pour en faire une fleur, ou une de ces carottes qui fait décoration dans les restaurants chinois. Alors, il coupe, rebrousse le poil, le couche, le mouille, le sèche, le brosse. Good, good ! Je dis. Mais c'est pas fini. Me voilà la tête dans le lavabo, douché, lavé, trois fois. Good ! Mais il me masse le crâne, me secoue la tête, me fait vibrer le cuir chevelu. Je vois trouble. Thank you ! Puis il attaque son oeuvre avec une crème, remasse, puis redresse le poil, je crains que ce ne soit du gel. C'en est, damned, bon je me laisse faire, acquiesce, sourit, lui aussi. Il finit son travail en m'arrosant de parfum.

Je suis tout neuf.

Constantinople

Wouaahhh ! aurait dit mon ami Kiwi lorsqu'il se trouvait à court de mots. Sainte Sophie, (Hagia Sophia) oui ! Yep ! Glurp ! Fichtre ! Nom d'un chien ! comment ils ont fait pour monter là-haut ? Comment un truc aussi immense peut tenir debout ? Purée ! à faire capoter une tortue sur le toit...

On prétend que les églises, les lieux Saints se vident, il n'y a que la manière de les fréquenter qui change. C'est moins formel, plus décontracté. On y va en short, on parle fort, on rit, et aussi, on paye pour entrer. Pourtant on continue à lever les yeux vers les images Saintes, à tourner autour des statues, à porter à bouts de bras nos écrans qui vibrent, petits cierges bleus électroniques, on continue d'être emmenés par des prêtres qui sont des guides aujourd'hui, en processions interminables et vénérer ensuite la mémoire de notre enchantement avec le petit dessous de plat ou l'aimant collé sur le frigo qu'on a acheté au shop.

Mais la chose qui m'a le plus bouleversé est le seuil en marbre de la porte impériale. Usé par la semelle des processionnaires et des empereurs et aujourd'hui poli par nos Nike.

Il n'y a pas de plus belle et durable photographie du passé que celle inscrite dans le marbre. Ceux qui ont voulu durer au-delà du bref temps qu'on nous prête l'ont vachement bien compris. Ils se sont fait pierre.

Istanbul -10 heures 07

14 octobre 2012

13 octobre 2012

Istanbul

Timisoara, quatre heures du matin : Je quitte mon compère Kiwi qui remonte vers le nord, sur Paris.

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Suis entouré par les supporters de l'équipe roumaine qui joue ce soir contre la Turquie, ils sont en tout vingt hommes et deux femmes. « La Suisse, oui, on l'a battue, me dit mon jeune voisin un peu gêné, mais c'était un match amical, la Suisse est très bonne... Ah bon ? L'avion descend déjà ? Oui, depuis Bucarest, une petite heure de vol... bonne chance, à propos c'est les championnats de quoi ? »

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Je me sens sucre dans un verre de thé, instantanément absorbé par la colossale énergie d'Istanbul.

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Entre le chemin de fer et l'embarcadère, un peu à l'écart du passage, dans une espèce de no-mans land improbable, principalement peuplé de chats, un jeune homme a suspendu des ballons gonflés qu'on peut tirer avec une carabine à air comprimé. Je m'y essaye et rate quatre coups sur cinq, ce qui le fait rire... et en profite pour lui tirer le portrait.

...

Plus loin, j'aperçois un homme avec un bâton de pèlerin, chargé d'un volumineux sac à dos, avec suspendu autour du cou, un étui en plastique dans lequel est glissée une carte routière. Il a passé son appareil photo à travers un grillage pour prendre une image. Je l'aborde en anglais, il répond en français, heureux, me fait-il savoir d'enfin pouvoir converser un peu dans sa langue maternelle. Je lui demande où il va.

-Je viens de Grenoble, vais à Jérusalem à pied. Je suis passé par la Suisse, Martigny puis ai marché sur Constance, l'Allemagne, l'Autriche, les Balkans et me voilà en Turquie.

Nous faisons un bout de trottoir ensemble, et Jean-Michel, ancien militaire, me raconte son voyage, les raisons de sa quête.

Il me dit s'être mis en marche le 19 juin et espère arriver à Jérusalem pour Noël.

-Quel est, pendant tous ces mois, la chose qui vous a le plus marqué ?

-L'indifférence. L'indifférence des gens...

Istanbul - 13 heures 22

Istanbul - 12 octobre

Timisoara -17 heures 48

Timisoara - 12 heures 08

10 octobre 2012

Le temps ronge les os de l'Histoire.

Timisoara - 02 heures 50

Il pleut. Des chiens, en meutes, s'affrontent autour de la cathédrale à deux heures du matin. Les aboiements enragés se mêlent aux cris rauques des corneilles qui s'agitent dans les arbres.

Si de l'Apocalypse youtube nous fournira les images, c'est de Timisoara que pourrait venir la bande son.

Bâlea Lac - 12 heures 35

Je reprends le volant, tout à coup pressé par le temps, nous sommes à des encablures de notre destination. Le long de la route nous doublons une multitude de charrettes tirées par des chevaux, parfois apathiques, parfois imprévisibles. A la sortie d'un village, un policier se dresse devant nous. Je me range, docile. Il se présente en roumain. Je lui dit : good evening. Il recommence dans un anglais parfait.

-Vos papiers, please. Vous avez dépassé la vitesse autorisée de dix huit kilomètres.

-Ah, bon ? Je suis désolé.

-Vous aimez la Roumanie ?

-Jusqu'à maintenant, énormément.

Et s'engage une passionnante conversation sur les préjugés que peuvent avoir les étrangers envers son pays. Sur la difficulté d'appliquer les lois, sur les grands projets que le gouvernement souhaite mettre en place pour séduire la communauté européenne, etc.. Il nous parle aussi de l'interdiction qu'ont les charrettes tirées par les chevaux de fréquenter les routes nationales, etc..

Pendant ce temps son autre collègue prépare le ticket. Je m'attends au pire. Il me prend à part :

-Voilà, signez ici. Merci. Dix huit kilomètres, c'est pas trop grave. Vous pouvez partir. On vous souhaite bonne route.

- ... !

-Et surtout - nous lance son autre collègue - n'oubliez pas de visiter le monastère X. C'est sur votre chemin...

Ce qui sera, à la nuit tombée, la plus époustouflante et authentique visite de monastère que nous ayons faite.

Maramures

Mémorable petit-déjeuner dans l'immense salle à manger de l'hôtel à Sighet où nous avons passé la nuit. C'est une salle de bal où sont disposées une vingtaine de tables autour desquelles se bousculent toute une flopée de chaises massives. Du plafond pleuvent des lustres dorés fichés de bougies électriques qui crachotent une lumière baveuse. Une scène dans un angle, qui ressemble à un piano à queue renversé laisse présumer qu'on fête ici des mariages, des anniversaires... A côté de la scène, trône le cul d'une machine à distribuer les billets (une ATM) qu'on a fait passer à travers une vitre découpée et qui donne sur la rue. De temps à autre on l'entend gargouiller. Dans l'angle de la salle, deux jeunes roumaines accompagnées d'un caïd, blouson cuir, clope au bec, sont affalés sur leur siège et font piailler de la musique de leur téléphone portable. Une des filles s'arrange dans un petit miroir rond.

Good music ! Roumanian music est la seule chose qu'on ait pu se dire...

...

Belle et vivace tradition du bois sculpté dans le pays de Maramures, dans le nord de la Roumanie. De magnifiques portails en bois travaillé marquent l'entrée des maisons dont la fonction était de repousser le mal et de l'empêcher de pervertir le noyau familial. La forte portée symbolique de ces portails s'est au fil du temps muée en folklore avec à la longue une perte de sens même si le Maramures reste une région où les coutumes et la vie quotidienne restent fortement imbriquées.

...

C'est au marché d'un de ces jolis villages en bois que je rencontre X, arborant fièrement un brassard nazi. Je le prends d'abord pour un simplet, ignorant le sens de la swastika ou au pire pour un provocateur.

-Hitler ! Hitler me dit-il dans un espagnol parfait, Hitler a tout nettoyé. Il a fait du bon boulot. Je l'admire pour ça. Il faudrait faire pareil ici avec les Gitans. Les flinguer... ils volent... ne travaillent pas... c'est des bons à rien...

Je rêve. Me dis qu'il me mène en bateau. Mais il revient à la charge.

-Aucune loi en Roumanie ne m'interdit de dire ce que je pense. Beaucoup pensent comme moi, mais personne n'ose le dire. Moi si !

...

Embarquons une jeune femme qui fait de l'auto-stop. Elle aussi parle un très bon espagnol pour avoir été la garde-malade d'une riche nonagénaire pendant deux ans en Espagne. Elle a dû rentrer en Roumanie une fois la dame décédée. Institutrice, elle enseigne quelques temps, pour un salaire de 150 euros par mois, tombe malade, doit quitter son poste. La voilà en partance pour Bratislava, travaille de 8 heures du matin à minuit pour 2 euros l'heure. L'intermédiaire qui lui a trouvé le boulot en encaisse 4 sur son salaire horaire. Après deux mois, elle retombe malade, doit quitter son travail et rentre en Roumanie. Son salaire dû ne lui sera pas remis, on ne lui payera que son billet de retour.

Barsana- 6 octobre

Timisaora

Le grand marché

1er octobre 2012